06 janvier 2011

Sous le vent

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Le vent souffle fort, balaye les feuilles mortes du grand noyer dénudé par l'hiver. Devant moi le tronc du vieil arbre s'efface doucement. Je suis assis sur mon petit banc de méditation, plus ou moins abrité sous mon poncho épais. Tranquille, silencieux, immobile, mon attention se porte sur l'expire. Mon souffle, doucement poussé de l'intérieur vers l'extérieur se mêle à la furie du vent.

Peu à peu le corps se fait discret, il se détend, colonne vertébrale bien droite, sans tension, menton légèrement rentré, une autre perception du monde s'installe. Mes sens fabriquent l'illusion du silence. Le côté gauche de mon corps, exposé à la bise est froid, c'est comme une douleur, large, permanente, dont l'intensité varie avec les soubresauts du vent. Mon côté droit est à l'aise à bonne température abrité de la bise.
Contradiction, opposition, froid, chaud, je constate ces sensations mentalement je prends note.

Des pensées traversent mon esprit, je laisse passer,, ne m'accroche pas. Elles passent, sont remplacées par d'autres. D'où viennent-elles?

Soudain: le son !
Sans prévenir le volume sonore semble s'accroitre. Un moteur de tracteur, comme s'il était derrière moi, le chant du vent directement à l'intérieur de mon crâne. Dehors rien n'a changé. Seule la perception de cet environnement sonore est modifié, je le sais. Tout est mouvement, tout bouge, tout se réveille, le grand arbre endormis semble vibrer tout entier. Me voici au cœur du tumulte, de l'agitation. Une seule chose est immobile, un seul élément est paisible dans cette apparence de tempête glacée, moi. J'absorbe,je raffine, je digère...JE, est de retour. L'univers reprends sa place, la lumière revient, JE, bouge le bout de ses doigts, reprends possession de son corps.

j'ai froid, je m'incline devant le vieux noyer, remercie la vie...Fin de méditation.


1 commentaire:

abalem a dit…

Précieux moment !
Ne m'en veux pas de parsemer ton blog de commentaires, mais lisant ce que tu écris, je me suis dit qu'il n'était après tout pas si courant de rencontrer une expérience intérieure parsemée ainsi de touches fragiles d'humilité. Il y a quelque chose d'universel qui résonne dans le banal de ton expérience, je veux dire sincère ; et c'est un plaisir en clin d'oeil.